Le Grand Silence

Au théâtre, il y a souvent de grands succès, des vivas de la foule, des salutations au public qui ne se terminent pas.
Parfois, il y a aussi des sifflets, des tomates, des "remboursez" !

Dans cet entracte, nous abordons trois films qui rentrent dans cette catégorie. Ce n'est pour autant pas parce qu'un film n'est pas très bon qu'il n'y a pas d'intérêt à en parler. N'apprend-on pas autant, sinon plus, dans l'échec que dans la gloire ?

Un épisode qui est l'occasion de :

• découvrir les subtilités du arrête de pleurer Pénélope cinematic universe et le concept de cringeologie.
• de se demander si c'est rendre hommage à une autrice de bande dessinée que de reprendre ses dessins pour illustrer les œuvres faites par le méchant, surtout quand le film est une adaptation du one woman show qui adaptait sa bande dessinée qui adaptait sa vie où elle s'était faite plaquer par un autre dessinateur de bande dessinée ?
• de se demander si on a besoin de bouger sa caméra dans tous les sens pour faire cinéma et dépasser l'origine théâtrale du projet.

Tout cela avec la verve habituelle de nos joyeux trublions qui rivalisent de saillies drôlatiques pour faire passer un moment délicieux à vous, c'est à dire leur public.

Après la brune et moi, le grand silence continue son exploration du théâtre populaire au cinéma avec le don d’Adèle. Ce film, qui a été vu par près de deux millions de personnes à sa sortie en 1950, marque la rencontre de trois légendes. D’un côté : Jean-Pierre Gredy et Pierre Barillet, les rois du théâtre de Boulevard, dont vous connaissez les oeuvres si vous empruntez des pièces avec Jacqueline Maillan à la médiathèque, ou si vous avez vu Potiche de François Ozon. D’un autre côté Emile Couzinet, réalisateur aquitain, dont le congrès des belles mères a traumatisé les nanardeurs présents à la quatrième nuit excentrique. C’était en 2008 (déjà !) mais demandez à quelqu’un présent ce soir-là, et il vous chantera ah les belles mères, ah les belles mères.

Le don d’Adèle, c’est une intrigue qui part de manière étonnante, avec une jeune paysanne capable de voir à distance et de déconstiper les vaches, et finit de manière plus traditionnelle avec un fils de famille bourgeoise qui épouse la bonne. Au milieu on y trouve des péripéties impayables, impliquant des emprunts de chapeau à plume, des richesses à faire sortir d'Egypte, et des extraits de spectacle de cabaret qui sont l’occasion pour Lilou de chanter une belle chanson et pour Robert Lamoureux de faire un sketch.

Bref, cet épisode représente 25 minutes de bonne humeur et de rire, mais aussi d'instruction grâce à des anecdotes cinéphiliques croustillantes sur Emile Couzinet et mademoiselle Lilo.

Le débat de ce dixième épisode porte sur le théâtre populaire adapté à l'écran.
Pas de Shakespeare, pas de Racine, pas de Patrice Chéreau et même pas de Olivier Py (pourtant présent dans l'épisode Arielle Dombasle).
A la place, une double dose de Robert Lamoureux, Lilou, Jean-Pierre Gredy et Pierre Barillet, et Pierre Etaix qui rend hommage à Sacha Guitry.
Avec ce dossier, le grand silence fait définitivement acte de candidature pour devenir les grandes têtes.

Ne courez pas pour autant, si ce n'est pour aller vous installer confortablement pour écouter l'épisode. Car en écoutant cet épisode, vous risquez de découvrir des plaisirs inconnus, comme celui d'entendre Robert Lamoureux embrouiller le monde avec son débit mitraillette. Contient aussi Jean-Pierre Marielle sans moustache, mais pas sans classe, et de jeunes actrices talentueuses comme Michèle Mercier ou Françoise Fabian qui ont bien confirmé par la suite.

Attention : après avoir écouté cet épisode, il n'est pas exclu que vous ayez envie de regarder la septième compagnie et l'amour foot.

Le mois d'août n'est-il pas le mois par excellence du grand silence ? Alors oui le cinéma ne prend plus autant de vacances que par le passé. Même pour nous, spectateurs, la réalité se rapproche de plus en plus dangereusement de celle de "la fille du 14 juillet", où le président annulait du jour au lendemain tous les congés payés pour relancer la France.
Toutefois, le planning des sorties cinéma reste assez ... calme. Cela n'a pas empêché l'équipe du Grand silence de trouver 6 films à vous conseiller.
Le poignant et tendu Perla, les étranges Family Therapy et En boucle, le documentaire Opus sur Ryuichi Sakamoto, le brutal Nobody 2 et même du Paul Vecchiali.

On se retrouve très vite pour la deuxième partie de ce dixième épisode, avec un grand dossier qui va vous rendre Lamoureux du théâtre de Boulevard au cinéma.

Ca y est le Grand silence est un podcast d'actualité. Nous avons déjà parlé de films récents. Ici, il s'agit d'un film qui est littéralement sorti hier !
Et ce n'est pas de n'importe quel film que Benjamin va vous parler pendant 45 minutes mais de Crasse (hoard en V.O.), premier film de Luna Carmoon, nommé aux Bafta. La réalisatrice de clips pour Fontaines D.C. nous propose le portrait d'une enfant / puis adolescente, plein de sensations fortes. Entre une mère qui empile les choses trouvées dans la rue, et un colocataire éboueur, le film propose d'abord une expérience olfactive. Celle-ci va évoluer en une expérience de la souffrance physique et mentale.

Bref, un film joyeux. Mais beau et intéressant, bien que, on le verra, pas dépourvu de lenteur. Bref, un premier film imparfait mais intéressant à découvrir pour les personnes qui n'ont pas peur d'expériences un peu "fortes".

Comme d'habitude, l'épisode se compose de deux parties : une vingtaine de minutes pour vous donner envie de voir le film puis vingt autres minutes pour faire le bilan de toutes ces choses que vous venez de voir et que vous aurez du mal à oublier.

Pour enrichir cette analyse en anecdotes amusantes, j'ai largement pioché dans le dossier de presse disponible ici : https://www.alphaviolet.com/hoard/

On remercie l'agence Mensch agency et la société de distribution Piece of magic pour la mise à disposition d'un lien permettant de sortir cet épisode en temps et en heure.

Chapitrage de l'épisode
00:00:00 La partie sans spoiler
00:19:54 La pause musicale qui fera peut-être sauter l'épisode de Spotify
00:23:47 La partie où on analyse le film en détail.